Le château
En 1747, Jacques Mouton conseiller à la Cour des Comptes Aides et Finances de Montpellier, marié à Gillette de Serres de Mesplès, fils de Jean Mouton qui a acheté en 1722 le château de la Clotte à Salinelles, acquiert la seigneurie d’Assas dont le château avait été déclaré en ruines quelques années auparavant par l’intendant Jean Le Nain.
De l’ancien château féodal ne subsistent que deux tours rondes aux bases en glacis, une partie des remparts et une tour pigeonnière médiévale appelée donjon. (Photo N°4 : château féodal)
Reconstruite en 1759-1760, la demeure conserve encore de nos jours une allure très castrale par sa position dominante et ses quatre pavillons d’angle plus élevés : cette particularité explique pourquoi on ne peut pas la rattacher à la série des «folies montpelliéraines ».
Pourtant la construction se voulait pleinement représentative de l’architecture du XVIIIème siècle.
L’absence de « prix-faits » (devis/contrat établi entre le maître d’ouvrage et l’architecte) ne permet pas de disposer de la preuve que l’architecte Jean-Antoine Giral (1713-1787), fils de l’architecte Etienne Giral (1689-1763) (Plan initial du Peyrou) et neveu de Jean Giral (1679-1755), également architecte (Château de la Mogère, Chapelle de l’hôpital général), est bien l’architecte du château d’Assas.
Mais citons le Tome XVIII des Mémoires de la Société Archéologique de Montpellier « En tout cas, le corps de la façade (du château d’Assas) à l’étage noble présente une parenté certaine avec celui de l’hôtel Saint Côme de Montpellier terminé deux ans plus tôt (actuel immeuble de la Grand’Rue Jean Moulin qui abrite aujourd’hui la Chambre de Commerce et d’Industrie, attribué sans conteste celui-ci à Jean-Antoine Giral). Mêmes pilastres ioniques jumelés de part et d’autre d’une fenêtre centrale ; dessin voisin des chapiteaux ioniques ; fronton d’amortissement triangulaire »
Jean Antoine Giral est célèbre dans la région (Château d’eau et allées basses du Peyrou, Hôtel Saint Côme, Château de Langaran, Hôtel Haguenot).
La conception du Château d’Assas respecte à la lettre les consignes telles que les définit en 1737 dans son traité Jacques-François Blondel (1705-1774 ; architecte urbaniste ; grand professeur d’architecture du XVIIIème siècle ; admis à l’Académie Royale d’Architecture en 1755) : masse régulière, ouverture sur les jardins, décoration, constante recherche de confort et d’intimité.
La construction, parfaitement appareillée en belles pierres de taille de calcaire blond, probablement originaires d’Assas même et couronnée d’une balustrade qui masque un toit plat à l’italienne, offre deux niveaux d’ouvertures rythmés par un ordre ionique de pilastres (Photo N°8). Sur chacune des façades, un perron de quatre marches donne accès, à l’ouest, à un jardin à la française (Photo N° 9) qui autrefois se prolongeait par l’ancien parc, et à l’est à un jardin à l’anglaise qui l’isole du village (Photo N° 10).
Ph. N°8 Pilastres
Ph. N° 9 façade ouest |
Ph. N°10 jardin et façade est |
Points remarquables architecturaux :
les garde-corps en fer forgé (Photo N° 11) qui, au 1er étage, proviennent de la galerie du salon de musique du château de la Mosson.
la porte d’entrée, cintrée, à large gorge, timbrée d’une clef à tête de lion (Photo N°12 clef de porte), calée entre deux atlantes (Photo N° 13 Atlante), sur la façade ouest, qui était alors l’entrée principale. L’entrée s’effectue aujourd’hui par la façade Sud (Photo N° 14)
Ph. N°12 clef de porte |
Ph. N° 11 garde-corps |
Ph. N° 13 Atlante |
Ph. N° 14 Entrée actuelle, façade sud |
A l’intérieur, le salon de musique ovale, utilisé comme tel aujourd’hui, avec aux murs des toiles de Jacques de La Joue, illustrant les arts (Photo N°15 le salon de musique) ; Lustre, boiseries de la Mosson, lambris, sont choses rares dans la région.
Ailleurs, gypseries à parcloses peintes en vert (Photo N° 16 : gypserie), cheminées…
Pho. N°15 le salon de musique |
Ph. N° 16 : gypserie |
Le Château a été un des premiers de la Région à être classé monument historique en 1937. Il est actuellement la propriété de la famille Demangel qui continue d’y cultiver une histoire musicale avec une très belle collection d’instruments anciens à clavier. Le Château a accueilli le célèbre claveciniste Scott Ross.
Prisées pour leurs décors précieusement conservés, les pièces du château ont plusieurs fois été utilisées dans des films à caractère historique ou non (Entre autre : La Belle Noiseuse de Jacques Rivette), et tout au long de l’année il abrite des concerts de musique.